1Q84, Tome 2 de Haruki Murakami

1Q84, Tome 2 de Haruki Murakami,

Publié aux éditions Belfond,

2021, 526 pages.

Dans le livre 1 on apprenait qu’Aomamé était une tueuse à gages engagée par une vieille dame et que sa mission était d’abattre le chef mystérieux d’une secte appelée les Précurseurs. Tengo, lui, était prof de maths dans un lycée. Il avait rencontré Fukaéri et rédigé à sa place un roman intitulé La Chrysalide de l’air.

Dans ce livre 2, on retrouve le système des chapitres alternés avec d’un côté l’histoire d’Aomamé, de l’autre celle de Tengo. C’est toujours un plaisir de suivre nos deux personnages si différents mais si attachants. Tengo mène toujours sa barque d’écrivain. Il reçoit cependant d’étranges menaces qui laissent penser que certaines personnes sont au courant de sa contribution à La Chrysalide de l’air.

Aomamé,  de son côté, doit accomplir son ultime mission: exécuter le chef des Précurseurs. L’atmosphère devient d’ailleurs plus oppressante dans ce tome. Les personnages se savent menacés, en sursis.

L’étrange est toujours au rendez-vous. On en apprend plus sur ces fameux Little People et enfin, le lecteur a un aperçu du contenu du roman écrit par Tengo. Mais si l’on en apprend plus, on reste toujours aussi perdu! Tout le talent d’Haruki Murakami est là: il dévoile beaucoup mais laisse planer plus de questions qu’il n’apporte de réponses concrètes. On peut toutefois commencer à se faire une petite idée sur cette étrange métaphore que sont les Little People.

J’apprécie toujours autant le style de l’auteur qui nous permet de pénétrer dans l’intimité des personnages. J’avais vraiment hâte de les retrouver dans leur quotidien. Même s’il ne se passe pas grand chose, j’aime suivre leurs habitudes de vie, leurs gestes banals. J’éprouve la sensation de me sentir bien à leur côtés. Tengo et Aomamé sont des personnages francs et solitaires qui n’ont rien à cacher.

Bien entendu, ma curiosité est encore plus aiguisée à l’issue de ce deuxième tome. Aomamé et Tengo se rencontreront-ils enfin? Qui sont les Little People et quelle est l’étendue de leurs pouvoirs? Autant de questions qui trouveront peut-être une réponse dans le troisième tome de la saga.

La chute d’Hypérion de Dan Simmons

La chute d’Hypérion de Dan Simmons,

Publié aux éditions Pocket,

2015, 736 pages.

Dan Simmons est un conteur né. Il est capable d’écrire des polars comme du fantastique ou de la SF. Je l’ai découvert avec le premier tome d’Hypérion que j’avais adoré. J’ai donc continué la saga, qui compte quatre tomes, avec La chute d’Hypérion. Tout est dans le titre, vous l’aurez compris.

Dans ce titre de SF, la planète Terre n’existe plus depuis bien longtemps. Les hommes ont colonisé des galaxies entières et circulent entre les mondes grâce à des portes distrans. Oui mais voilà, les Tombeaux du temps sont sur le point de s’ouvrir, remettant en cause l’équilibre du monde et surtout, libérant une terrible créature, Le gritche. Le premier opus nous présentait des pèlerins partis explorer ces fameux Tombeaux.

Nous les retrouvons ici. Ce tome mêle pour moi intrigue politique sur fond de Space opera et découverte de ces mystérieux Tombeaux du temps. On oscille ainsi constamment entre deux styles. Les Extros, entité extraterrestres qui menace le monde de l’Hégémonie, font partie du voyage eux aussi. Et le lecteur est enfin face au fameux gritche.

On peut, c’est vrai, reprocher à l’auteur quelques longueurs, mais j’ai été une fois de plus emportée par cette histoire. On connaît à présent les pèlerins, leur histoire et l’intrigue prend alors une dimension presque mystique et religieuse. Tout est très dense dans cette intégrale et l’auteur ne ménage pas son lecteur. Il y a des rebondissements mais surtout des révélations. L’histoire est toujours racontée de manière plurielle et on saute de point de vue en point de vue, de narrateur en narrateur faisant de ce roman une œuvre totale.

L’auteur s’amuse avec les codes et les nombreuses références à la littérature classique (dont le personnage de Keats) m’ont énormément plu.

Ce tome, très dense, est une véritable expérience de lecture. Si on peut s’arrêter à la lecture de ce tome, je pense, de mon côté, continuer avec la suite « Endymion ».

Les sept vies du moine de Olivier Barde-Cabuçon

Les sept vies du moine de Olivier Barde-Cabuçon,

Publié aux éditions Actes Sud,

2024, 320 pages.

En 1760, de retour du Caire, le chevalier de Volnay se rend à Lyon, accompagné par son père, le moine hérétique, et sa compagne Yasmina. Sur place, le trio va enquêter sur de mystérieux meurtres par combustion…

Ce tome est le 9ème tome d’une série consacrée au moine alias le commissaire aux morts étranges. On peut le lire de manière indépendante (comme je l’ai fait). Il est vrai qu’il m’a manqué certains éléments liés aux personnages puisqu’ils sont récurrents dans la saga mais cela ne m’a pas empêchée de comprendre leurs relations.

Il s’agit donc ici d’un polar historique se déroulant en 1760, une époque que je vois finalement peu en littérature. L’intrigue se déroule à Lyon et j’ai adoré suivre les personnages à travers la ville. L’auteur, qui y vit, nous la décrit formidablement bien, comme à l’époque. Véritable puits de sciences, j’ai appris énormément de choses sur la ville en elle-même, son fonctionnement, son passé. C’était tout simplement passionnant.

L’enquête reste finalement assez classique mais j’ai beaucoup aimé en suivre les tenants et aboutissants parce qu’on pénètre au cœur du siècle des Lumières. Les personnages rendent bien hommage à ce courant de pensée par leur critique de la société ou encore leur expériences, pas toujours heureuses, en sciences. Cet air de renouveau souffle sur Lyon.

Mais s’il faut lire la saga de l’auteur, c’est bien pour son personnage de moine, truculent à souhait, héritier d’une verve médiévale et d’une curiosité à toute épreuve. J’ai particulièrement aimé ce personnage plein de vie, libre de toute attache religieuse ou sentimentale. J’ai adoré les dialogues et sa répartie cinglante et très drôle.

« Les sept vies du moine » est une très belle découverte et je vais sans doute me pencher sur le reste de la saga.