Tress de la mer émeraude de Brandon Sanderson

Tress de la mer émeraude de Brandon Sanderson,

Publié aux éditions Le Livre de Poche Imaginaire,

2023, 641 pages.

Tress vit sur une petite île isolée au beau milieu d’un océan… de spores. Simple laveuse de vitres, elle partage néanmoins une belle complicité avec Charlie, le fils du duc, et est secrètement amoureuse de lui. Quand celui-ci disparaît, la jeune femme décide de partir à sa recherche. C’est le début d’un périple au bout du monde, où l’on retrouve tous les ingrédients qui font le sel des grandes aventures : des contrebandiers de la pire espèce, une sorcière malintentionnée, un redoutable dragon, des pirates sales et méchants (ou pas), et même un rat qui parle..

Tress vit sur une petite île de laquelle personne ne peut s’évader. Elle lave les carreaux chez le duc et elle est amie (voire plus) avec Charlie, le fils de ce dernier. Quand Charlie est capturé par la sorcière de la Mer de Minuit, Tress décide de partir à sa recherche. Elle s’embarque alors pour un long voyage sur l’océan…

Tress de la mer émeraude est l’un des romans secrets écrits par Sanderson pendant le confinement. J’ai beaucoup aimé cette histoire pleine de rebondissements et d’humour. L’univers créé par l’auteur est très intéressant. En effet, les océans et les mers ne sont pas composés d’eau mais de spores qui lorsqu’ils sont arrosés peuvent devenir très dangereux. Tress va apprendre à contourner les spores et à les utiliser à son profit. Le worlbuilding est une fois de plus étonnant et Sanderson montre qu’il possède une source intarissable d’imagination.

L’auteur nous offre une belle histoire de pirates et cela faisait bien longtemps que je n’en avais pas lu. Même si certains passages peuvent paraître un poil longuet, j’ai adoré suivre Tress dans sa quête. Ici, les rôles sont inversés. C’est la jeune femme qui va secourir son prince charmant. La magie n’est jamais bien loin avec des rats qui parlent, des sorcières malfaisantes et des dragons majestueux. Si le côté Young adult du roman peut vous rebuter, l’auteur saura vous séduire avec un humour qui a fait mouche avec moi. Le narrateur (un brin fêlé) s’adresse continuellement au lecteur et j’ai vraiment aimé ce procédé qui dynamise le récit.

Enfin, les personnages sont savoureux à commencer par Tress qui n’a vraiment pas froid aux yeux. Brandon Sanderson dresse une galerie de personnages au caractère bien trempé et vraiment intéressants.

« Tress de la mer émeraude » est une belle réussite. Ce roman d’aventures saura vous emporter!

Le Pays sans lune de Simon Jimenez

Le Pays sans lune de Simon Jimenez,

Publié aux éditions J’ai Lu,

2023, 542 pages.

Dans le Vieux Pays, le peuple souffre sous la domination du Trône de la Lune. L’Empereur et ses fils monstrueux – les trois Terreurs – saignent la terre et oppriment leurs sujets grâce aux fantastiques pouvoirs qu’ils ont hérités de la divinité enfermée sous leur palais.
Mais aucune divinité ne peut être contenue éternellement. Avec l’aide de Jun, un soldat brisé par son passé, et de Keema, un paria qui se bat pour son avenir, Elle s’échappe de Sa prison royale. Et tous trois s’embarquent dans une quête de vengeance et de liberté, pour eux-mêmes mais aussi pour tous ceux qui souffrent sous le joug du Trône de la Lune.

Dans le Vieux pays, le peuple est opprimé par l’Empereur et ses trois fils, tous cruels. Il tirent leur puissance d’une divinité, enchaînée sous le palais. Un jour, Jun libère la déesse. Il croise Keema sur son chemin. Tous les trois s’enfuient, poursuivis par toute une armée…

Pas facile d’entrer dans ce roman de fantasy qui est assez complexe à prendre en main. En effet, il y a une première narration qui se déroule à notre époque ou en tout cas dans notre monde. On y croise un enfant à qui l’on raconte cette histoire du Vieux pays. C’est sa « lola » qui lui raconte cette légende fabuleuse. Puis on bascule dans l’intrigue dans un pays à feu et à sang où les princes font leurs lois. L’auteur ne nous prend pas par la main pour nous expliquer qui est qui. C’est au lecteur de tâtonner puis d’avancer en comprenant petit à petit les enjeux du roman.

Une fois compris tout cela, l’auteur nous livre une formidable aventure de fantasy. Il y a d’abord cette déesse qui semble imbattable. Pourquoi et comment était-elle retenue prisonnière? Le lecteur en apprend plus sur elle tout au long de l’intrigue. Il y a ensuite le duo Keema/Jun que tout oppose. Les deux jeunes hommes vont apprendre à se connaître et à se faire confiance. Ils vont vivre des aventures incroyables.

L’auteur nous raconte une épopée faite de dangers, de rencontres, de batailles et de pièges. L’univers riche et complexe se déploie au fur et à mesure. C’est souvent sombre, violent. La plume de Jimenez possède également une certaine poésie. Certains passages sont oniriques et d’une puissance évocatoire très belle.

« Le pays sans lune » est un roman atypique qui m’a emporté sur les traces de Keema et de Jun, dans ce Vieux pays, là où tout est possible.

Witch World de Andre Norton

Witch World de Andre Norton,

Publié aux éditions Mnemos,

2023, 460 pages.

Simon Tregarth a bien des problèmes ; on lui offre de fuir dans une autre dimension ; pour lui, c’est une chance à ne pas manquer. Mais le monde magique d’Estcarp, cerné par ses ennemis, baigné par le Pouvoir qui peut à la fois le sauver et le détruire, est condamné à vivre dangereusement. Tregarth n’a plus le choix ; il s’enrôle sous la bannière des chevaliers et des sorcières ; il ira jusqu’au bout.

Simon Tregarth est un voyou qui a des dettes de jeux. On lui propose d’effacer son passé et de fuir dans une autre dimension. Simon accepte et bascule dans le monde d’Estcarp, régi par des sorcières…

Andre Norton est une figure de la littérature américaine de SF. Autrice de nombreux ouvrages, elle s’essaie à la fantasy avec ce premier ouvrage paru en 1963. Les éditions Mnemos publient à nouveau cette œuvre 60 après.

Il faut, à mon sens, prendre en considération la première date de parution de l’œuvre avant de se lancer dans cette lecture. Depuis 1963, la fantasy a énormément eu de succès et a beaucoup évolué. Si ce roman fait figure d’œuvre précurseuse, on peut juger qu’elle a un peu vieilli tout de même. Notre Simon est propulsé dans un monde de sorcières presque sans raison et bien rapidement. Le hasard fait si bien les choses qu’il rencontre et sauve la sorcière d’Estcarp. Il va entrer à son service comme soldat.

Complots, royaumes qui s’affrontent, batailles, sont le lot de ce roman dont la fantasy repose en effet sur une société matriarcale où les sorcières ont des dons psychiques. Nous sommes donc avec une magie moins spectaculaire que ce dont on a l’habitude. La magie repose essentiellement sur la télépathie et la télékinésie. Le worldbuilding n’est pas vraiment développé. On est surtout dans une succession d’actions qui sont d’ailleurs plus racontée que montrées. C’est là où le bât blesse selon moi. J’ai eu l’impression qu’on me racontait une sorte de contes de fée. Ce n’est pas mal écrit; ce n’est pas mauvais en soi. Mais depuis, de l’eau a coulé sous les ponts et la fantasy a beaucoup évolué. Les personnages paraissent froid et distants d’ailleurs.

L’introduction initiale est très éclairante à ce sujet et je suggère d’ailleurs de la lire avant d’attaquer le roman (contrairement à ce qui est annoncé).

« Witch world » m’a donc permis de découvrir un classique de la littérature fantasy mais j’en resterai là pour cette saga.