Les sept vies du moine de Olivier Barde-Cabuçon

Les sept vies du moine de Olivier Barde-Cabuçon,

Publié aux éditions Actes Sud,

2024, 320 pages.

En 1760, de retour du Caire, le chevalier de Volnay se rend à Lyon, accompagné par son père, le moine hérétique, et sa compagne Yasmina. Sur place, le trio va enquêter sur de mystérieux meurtres par combustion…

Ce tome est le 9ème tome d’une série consacrée au moine alias le commissaire aux morts étranges. On peut le lire de manière indépendante (comme je l’ai fait). Il est vrai qu’il m’a manqué certains éléments liés aux personnages puisqu’ils sont récurrents dans la saga mais cela ne m’a pas empêchée de comprendre leurs relations.

Il s’agit donc ici d’un polar historique se déroulant en 1760, une époque que je vois finalement peu en littérature. L’intrigue se déroule à Lyon et j’ai adoré suivre les personnages à travers la ville. L’auteur, qui y vit, nous la décrit formidablement bien, comme à l’époque. Véritable puits de sciences, j’ai appris énormément de choses sur la ville en elle-même, son fonctionnement, son passé. C’était tout simplement passionnant.

L’enquête reste finalement assez classique mais j’ai beaucoup aimé en suivre les tenants et aboutissants parce qu’on pénètre au cœur du siècle des Lumières. Les personnages rendent bien hommage à ce courant de pensée par leur critique de la société ou encore leur expériences, pas toujours heureuses, en sciences. Cet air de renouveau souffle sur Lyon.

Mais s’il faut lire la saga de l’auteur, c’est bien pour son personnage de moine, truculent à souhait, héritier d’une verve médiévale et d’une curiosité à toute épreuve. J’ai particulièrement aimé ce personnage plein de vie, libre de toute attache religieuse ou sentimentale. J’ai adoré les dialogues et sa répartie cinglante et très drôle.

« Les sept vies du moine » est une très belle découverte et je vais sans doute me pencher sur le reste de la saga.

Un piège de papier de Eva Garcia Saenz de Urturi

Un piège de papier de Eva Garcia Saenz de Urturi,

Publié aux éditions Fleuve noir,

2024, 544 pages.

Avec « Un piège de papier », Eva Garcia Saenz de Urturi clôt sa trilogie consacrée à Kraken. Ce tome est un peu à part d’ailleurs puisqu’à l’enquête menée par Unai, dit Kraken, une seconde intrigue en parallèle est déployée. Unai se rend sur les lieux de la dédicace d’un best-seller lorsqu’un crime est commis. Mais les meurtres s’accumulent. Unai va vite se rendre compte que les crimes ont un lien avec le fameux best-seller…

L’enquête menée par Unai s’entrecroise avec les chapitres du fameux best-seller, « Les Seigneurs du temps ». Ce dernier est un roman qui se déroule au XIIème siècle, à Vitoria, la ville où réside Unai. J’ai adoré cet entrecroisement entre l’intrigue au présent et celle qui nous plonge dans le Royaume d’Espagne déchiré du moyen-âge. Ce récit enchâssé est très intéressant et immersif.

S’inspirant de sa région, le pays basque espagnol, l’autrice nous immerge, comme toujours, dans une histoire passionnante et captivante. L’enquête de Kraken est plus que mouvementée et une fois de plus, l’inspecteur devra faire appel à ses talents de profiler afin d’élucider l’auteur des meurtres. Ces derniers sont d’ailleurs sordides. J’ai été en tout cas plus qu’emballée par le côté « psy » de l’intrigue qui nous laisse entrevoir une pathologie très mystérieuse.

Quant au récit dans le passé, je l’ai adoré, peut-être même plus que l’enquête actuelle. On suit des personnages en proie à la famine, la misère et la guerre. Ses personnages médiévaux ont le mérite de faire de ce récit un roman à part entière qu’on aimerait même découvrir un peu plus! Toujours bien documentée, cette partie historique s’entremêle étroitement à l’enquête d’Unai.

« Ici s’achève ta traque, ici débute la mienne ». C’est ainsi qu’on referme avec regret cet ultime tome consacré aux enquêtes du Kraken.

Holly de Stephen King

Holly de Stephen King,

Publié aux éditions Albin Michel,

2024, 528 pages.

Dans une belle maison victorienne, Emily Et Rodney Harris, professeurs à la retraite, vivent des jours heureux. Le temps semble n’avoir aucune prise sur eux. Mais ce couple modèle, loin de tout soupçon, cache de sombres secrets. Parallèlement, Holly Gibney, à la tête de l’agence de détective Finders Keepers, est sollicitée pour une affaire de disparition. Bonnie, la vingtaine, a disparu mystérieusement alors qu’elle rentrait chez elle…

Quel plaisir de retrouver Holly Gibney après toutes ces années. C’est vraiment l’un de mes personnages préférés. J’aime vraiment cette femme, atteinte d’un trouble du spectre autistique, qui la rend tellement unique et humaine. C’est sans conteste l’un des personnages de King les plus réussis!

J’ai adoré cette histoire de disparition et d’enquêtes où l’on sait tout de suite qui est le coupable et pour quelle raison il agit ainsi. C’est un plaisir de suivre toute l’enquête et le cheminement intellectuel d’ Holly qui est ici seule, son partenaire étant confiné pour cause de Covid. C’est du pur polar, pur jus avec un petit grain de folie qui fait qu’on reconnaît parfaitement la patte du King. On déroule, aux côtés de Holly, les fils de cette enquête et on ouvre des cold case mystérieux!
Dans ce roman, King aborde aussi des thématiques qui lui sont chers: la maladie, le vieillissement mais aussi la crise du Covid (qui vient en toile de fond de l’intrigue), Trump également, son défouloir préféré. J’ai littéralement dévoré ce roman en sachant bien que c’est peut-être la dernière enquête de Holly!

King a su parfaitement maîtriser son intrigue d’un bout à l’autre avec ce roman mené par une Holly plus forte que jamais! Un King vraiment excellent!

L’affaire Alaska Sanders de Joël Dicker

L’affaire Alaska Sanders de Joël Dicker,

Publié aux éditions Rosie And Wolfe,

2022, 569 pages.

L’affaire Alaska Sanders conclut la trilogie des Goldman, initiée avec La Vérité sur l’affaire Harry Québert et bien sûr Le Livre des Baltimore. Dans cet ultime volet, nous suivons Marcus Goldma, désormais écrivain célèbre et reconnu, qui va replonger dans une vieille enquête aux côtés de l’inspecteur Gahalowood. En 1999, une jeune femme, Alaska Sanders, est retrouvée assassinée sur les rives d’un lac. A l’époque, on a très vite arrêté deux coupables. Mais un nouvel élément relance l’affaire. Et si les coupables étaient innocents? Qui s’en est pris à Alaska?

Le début du roman, une bonne centaine de pages au moins, est une grosse mise en place de l’intrigue (certains parleront de lenteur). Le lecteur est propulsé en 1999 et suit les avancées sur l’enquête concernant le meurtre d’Alaska Sanders. L’auteur peint toujours très bien ses personnages, Américains issus de la classe moyenne. Mount Pleasant, la ville dans laquelle se déroule l’intrigue, est une petite bourgade comme on en voit des milliers aux États-Unis. C’est vraiment le point fort de l’auteur qui nous permet de nous imprégner de l’ambiance des lieux.

Rapidement, le récit va brouiller les pistes lorsque Marcus Goldman entre en scène et remet tout en question. A l’image d’un cluedo géant, les interrogatoires sont menés sous un jour nouveau. Des paroles sont rapportées puis interprétées différemment. Les détails insignifiants deviennent des pièces à conviction. Les aller-retour incessants permettent d’éclairer le meurtre.

Alors ai-je aimé ce roman? Bien sûr! J’ai adoré suivre cette enquête dont les rebondissements m’ont tenu en haleine. Le suspens est parfaitement dosé. Je n’ai qu’un regret: le dénouement qui apparaît un peu trop facile à mes yeux. Néanmoins, Joël Dicker m’a une fois de plus embarquée dans cette histoire folle.

« L’affaire Alaska Sanders » est donc un très bon roman policier addictif, un vrai page-turner qui tient ses promesses.