Chrysis de Jim Fergus

Chrysis de Jim Fergus,

Éditions Le Cherche Midi,

2013, 281 pages,

Pour l’acheter: Chrysis

 

 

 

 

 

Paris, 1925. Gabrielle “Chrysis” Jungbluth, âgée de 18 ans, entre à L’Atelier de Peinture des Élèves Femmes de L’École des Beaux-Arts, pour travailler sous la direction de Jacques Ferdinand Humbert, qui fut le professeur de George Braque. Exigeant, colérique, cassant, Humbert, âgé de 83 ans, règne depuis un quart de siècle sur la seule école de peinture ouverte aux femmes. Mais malgré toute son expérience, il va vite se rendre compte que Chrysis n’est pas une élève comme les autres. Précoce, volontaire, passionnée et douée d’un véritable talent, cet esprit libre et rebelle bouscule son milieu privilégié et un monde de l’art où les hommes jouissent de tous les privilèges. Elle ne tardera pas à se perdre dans les plaisirs désinvoltes et à devenir l’une des grandes figures de la vie nocturne et émancipée du Montparnasse des années folles. C’est là qu’elle va rencontrer Bogey Lambert, un cow-boy américain sorti de la légion étrangère, avec qui elle va vivre une folle histoire d’amour.

 

Le nouveau roman de Jim Fergus est basé sur la figure réelle de Gabrielle Jungbluth, peintre oubliée de tous. Le livre débute par un préambule dans lequel l’auteur explique comment il a découvert cette artiste. Au cours d’un voyage en France, il découvre chez un antiquaire niçois un tableau intitulé « Orgie ». Jim Fergus l’offre à sa femme. Quelques mois plus tard, celle-ci est emportée par un cancer. Jim offre alors le tableau à sa fille et pour rendre hommage à celle qui a partagé sa vie, il décide de mener des recherches sur Gabrielle Jungbluth. Il imagine alors ce roman….

Ainsi, l’auteur nous met en garde dès le début. Il va entrecroiser dans son récit des éléments biographiques avérés et il inventera les autres à commencer par l’histoire d’amour entre Gabrielle et Bogey. Le roman s’articule autour de ces deux personnages: les chapitres s’alternent pour raconter leur vie jusqu’au moment où ils seront réunis.

J’ai d’ailleurs moins apprécié les chapitres consacrés à Bogey Lambert. Ce personnage détonne: c’est un cow-boy qui décide de traverser l’Atlantique pour venir en aide aux troupes françaises pendant la 1ère guerre mondiale sous prétexte d’avoir une lointaine ascendance française. Naïf et courageux, Bogey va devenir un véritable héros de guerre qui fuira gloire et reconnaissance. Son histoire m’a parue peu crédible et j’ai surtout été déçue par les dialogues trop enfantins, trop simples peut-être à l’image du héros. Je n’ai pas accroché avec cette partie du roman attendue. Bogey apparaît comme un personnage lisse, sans personnalité, bon et gentil à l’image. Pour moi, Jim Fergus aurait pu se passer de cette partie de l’intrigue qui n’apporte pas grand chose et qui reste trop caricaturale.

En effet, le personnage qui reste le plus intéressant est Gabrielle Jungbluth. C’est une jeune femme de bonne famille qui souhaite devenir artiste peintre. Elle entre alors dans une prestigieuse école de peinture dirigée par Monsieur Humbert. Gabrielle apparaît très vite comme une artiste dans son art et dans sa façon de penser, de se comporter. Libre de ses pensées et de son corps, elle devient rapidement un femme rebelle. Elle décide de prendre un appartement seule, de fréquenter les cafés et autres lieux de perdition à l’époque pour une femme non accompagnée.

A l’école, les esquisses de nu se font sur des modèles masculins habillés! Gabrielle qui n’a jamais vu de corps masculin totalement dénudé va alors fréquenter les maisons closes en quêtes d’inspiration et d’expérience. A travers son art, elle fait la découverte du sexe, du plaisir, de la liberté des corps et des passions.

De cabaret en maisons closes, Gabrielle s’ouvre au monde et aux autres. Jim Fergus dresse le portrait d’une société où les artistes sont insouciants, libres et ivres et nouvelles expériences. Sans jamais tomber dans le glauque ou le vulgaire, l’auteur nous balade dans le Paris des années folles où sexe rime avec plaisir et volupté. J’ai beaucoup apprécié la description de cette période de l’histoire où l’art est intrinsèquement lié à la société.

Pour résumer: si je n’ai pas apprécié le récit consacré à Bogey Lambert trop naïf et caricatural pour moi, j’ai par contre aimé le personnage de Gabrielle, femme artiste rebelle et moderne. Mais ce qui m’a le plus ravie c’est le fond historique du roman consacré aux années folles.

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