Chanson douce de Leïla Slimani

 

 

Chanson douce de Leïla Slimani,

Publié aux éditions Gallimard,

2016, 227 pages.

Lorsque Myriam, mère de deux jeunes enfants, décide malgré les réticences de son mari de reprendre son activité au sein d’un cabinet d’avocats, le couple se met à la recherche d’une nounou. Après un casting sévère, ils engagent Louise, qui conquiert très vite l’affection des enfants et occupe progressivement une place centrale dans le foyer. Peu à peu le piège de la dépendance mutuelle va se refermer, jusqu’au drame.

Je vous donne aujourd’hui mon avis sur le dernier prix Goncourt même si je sais bien que je ne vais pas révolutionner la blogo! J’ai quand même envie d’apporter mon grain de sel!

Chanson douce c’est l’histoire de Myriam, une maman qui confie ses deux enfants à Louise, une nounou super efficace. Le problème c’est que Louise tue les enfants de Myriam! Je ne vous spoile pas. Il suffit de lire la première page pour le comprendre.

Un peu comme avec l’inspecteur Colombo, Leïla Slimani commence par le meurtre des enfants. Aucun suspens sur l’identité de l’assassin puisqu’on sait qu’il s’agit de Louise, la nounou. L’auteur nous invite tout au long de la lecture à comprendre ou tenter d’apporter une explication au geste fatal de Louise. Pourquoi en est-elle arrivée là? Qu’est-ce qui l’a poussé à commettre l’irréparable? Inspiré d’une histoire vraie qui s’est déroulée au États-Unis, le récit de Leïla Slimani propose dont au lecteur d’enquêter sur les raisons qui poussent Louise à tuer deux enfants.

L’univers du roman est sombre voire glauque. Dans les diverses interviews que j’ai pu lire ça et là, l’auteur était souvent interrogée sur l’inversion des rôles sociétaux. Myriam, une française d’origine magrébine engage Louise. Ce n’est pas tant cette inversion des stéréotypes qui m’a intéressée mais plutôt l’inversion des rôles maman/nounou. Car Louise va s’intégrer dans la famille de Myriam au point de ne pas se contenter uniquement de garder les enfants. Elle va faire le ménage tous les jours, étendre les lessives, faire les lits, repasser et surtout cuisiner. Elle prend peu peu à le rôle de Myriam.

Cette dernière, femme redevenue active, ne sait plus vraiment trouver sa place. Alors au-delà du récit glaçant qui se conclue de manière mortelle, j’ai trouvé que la réflexion de l’auteur autour de la place de la jeune maman dans la société était très intéressante. Confier ses enfants à une nounou, c’est un peu se mettre en rivalité avec elle; c’est abandonner un peu de son amour que c’est femme va, en principe, combler; c’est renoncer et ça Leïla Slimani le montre très bien à travers Myriam qui culpabilise beaucoup et que la société fait culpabiliser.

Le personnage de Louise m’a paru aussi intéressant. Bien sûr, à la lecture du roman, on sait qu’il s’agit d’une meurtrière en puissance et on guette le moindre faux pas, le moindre geste qui pourrait trahir son caractère létal. Louise m’a déstabilisée. Je l’ai trouvé insaisissable, fuyante. Elle est très ordonnée, presque maniaque chez Myriam alors que chez elle, elle vit de manière sommaire comme si sa vie se résumait au dehors, aux autres. Son passé trouble ne l’est pas suffisamment pour excuser son geste. Louise est finalement une femme banale sur laquelle personne ne se retourne jamais et c’est peut-être là, la force de l’auteur. Faire de cette femme banale et invisible, une femme extraordinaire au sens premier, littéral/

Chanson douce est un roman qui incite à la réflexion. Au-delà des meurtres infâmes, Leïla Slimani nous invite à nous pencher sur le rôles des femmes dans la société.

6 réflexions sur “Chanson douce de Leïla Slimani

  1. Pingback: Chanson douce | Le Bibliocosme

  2. Pingback: Chanson douce – Le Bibliocosme

Laisser un commentaire