Afterland de Lauren Beukes

Afterland de Lauren Beukes,

Publié aux éditions Albin Michel Imaginaire,

2022, 502 pages.

Plus de 99% des hommes sont morts.
Trois ans après la pandémie qui les a balayés, les gouvernements tiennent bon et la vie continue. Mais le monde d’après, dirigé par des femmes, exsangue d’un point de vue économique, n’est pas forcément meilleur que celui d’avant. Miles, 12 ans, est un des rares garçons à avoir survécu. Sa mère, Cole, ne veut qu’une chose : élever son enfant en Afrique du Sud, chez elle, loin des États-Unis, dans un sanctuaire où il ne sera pas une source de sperme, un esclave sexuel ou un fils de substitution.
Traquée par Billie, son implacable sœur, Cole n’aura pas d’autre choix pour protéger son fils que de le travestir. À l’autre bout des États-Unis, un bateau pour Le Cap les attend. Le temps est compté.

Les hommes ont été décimés suite à une épidémie. Seules les femmes ont été épargnée et règnent à présent sur le monde, réorganisant la société de A à Z. Cole a eu de la chance. Certes, elle a perdu son mari mais son fils Miles a survécu. Il est traqué, désiré, parce qu’il représente l’avenir de l’humanité. Mais Cole ne souhaite pas faire de son fils un rat de laboratoire. Elle le travestit et tente de traverser les États-Unis pour s’échapper et retourner en Afrique du Sud. Entre le gouvernement et sa propre sœur Billie qui cherche à s’enrichir en espérant capturer Miles, Cole va devoir redoubler de prudence…

J’ai adoré ce roman dans lequel les femmes sont au centre. Il y a d’abord cet amour inconditionnel d’une mère pour son fils. Cole et Miles ont une relation fusionnelle très belle. J’ai apprécié les suivre à travers leur road trip, forcés de se cacher, de mentir, de voler. Miles est un personnage très attachant. Cole va pourtant en rencontrer d’autres mères, comme elle, mais qui qui n’ont pas eu la même chance. L’autrice laisse parfaitement bien transparaître leur peine, leur chagrin immense d’avoir perdu un fils, un mari, un père.

Cette traversée des États-Unis permet aussi de mettre en exergue tous les défauts et les dérives d’une société au bord de l’agonie. Il y a d’abord la loi de Reprohibition. On interdit aux femmes de tomber enceinte tant qu’on n’a pas trouvé de remède au virus. Mais comme le dit si bien un des personnages: « les femmes se sont toujours débrouillées pour interrompre leur grossesse de manière illégale; elles allaient bien trouver le moyen de tomber enceinte de manière illégale aussi ». Cette société matriarcale est-elle meilleure? Pas forcément. Les lois coercitives, les gouvernements, la peur, la violence sont toujours présents. C’est l’occasion pour l’autrice de dresser un portrait défaitiste et sombre de notre société. Les fanatiques religieux, la drogue sont bien là, proposant une nouvelle voie aux âmes perdues.

Le rythme du roman est soutenu. On alterne entre le passé et le présent de Cole et Miles (c’est l’occasion d’en apprendre plus sur cette fameuse épidémie) mais aussi la traque de Billie (qui m’a moins plu). Il faut cependant se faire au style de l’autrice souvent sec, acre, brut et je comprends les lecteurs qui n’ont pas aimé cette manière d’écrire.

Afterland est un thriller post-apo, un road-movie qui m’aura tenu en haleine jusqu’au bout. Une excellente surprise.

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