Un long, si long après-midi de Inga Vesper

Un long, si long après-midi de Inga Vesper,

Publié aux éditions de La Martinière,

2022, 410 pages.

Dans sa cuisine baignée de soleil californien, Joyce rêve à sa fenêtre. Elle est blanche, elle est riche. Son horizon de femme au foyer, pourtant, s’arrête aux haies bien taillées de son jardin. Ruby, elle, travaille comme femme de ménage chez Joyce et rêve de changer de vie. Mais en 1959, la société américaine n’a rien à offrir à une jeune fille noire et pauvre. Quand Joyce disparaît, le vernis des faux-semblants du rêve américain se craquelle.

Ne vous fiez pas à cette jolie couverture pimpante! Le roman de Inga Vesper se déroule certes, dans une banlieue américaine digne de Wisteria lane avec ses maisons bien propres et alignées, ses femmes au foyer qui préparent le repas pendant que les enfants jouent et que leur époux se délasse après une journée de travail. Mais malgré ce paysage idyllique, Joyce, un jour, disparaît.

C’est Ruby, sa femme de ménage afro-américaine, qui va découvrir une tache de sang dans la cuisine. Dans un premier temps, la police la soupçonne parce qu’elle est noire, parce qu’elle est pauvre. Mais rapidement, Mike Blanke, un flic blanc se charge de l’enquête et se doute que la vie de Joyce n’était pas si idéale que cela. Il va faire équipe avec Ruby pour résoudre ce mystère…

Ce roman m’a beaucoup fait penser à Alabama 1963 ou encore à La couleur de sentiments parce qu’on y retrouve le thème très intéressant de la ségrégation raciale aux USA dans les années 60. C’est un thème qui m’est cher et que j’aime retrouver en littérature. Dans le roman de Inga Vesper, on suit finalement Joyce, femme blanche des années 60, totalement soumise à son époux, sans perspective d’avenir à part celui de faire des enfants et Ruby, noire américaine, qui tente de s’élever dans la société mais qui est sans cesse rabaissée à cause de sa couleur de peau. Ces deux femmes ne sont finalement pas si différentes l’une de l’autre.

Inga Vesper soulève des questions sociétales intéressantes pour l’époque: la place des femmes dans la société, la bien-pensance, la lutte des noirs pour leurs droits. J’ai vraiment aimé cette enquête qui se veut au final féministe. Mike Blanke, le policier, va l’apprendre à ses dépens. J’ai vraiment aimé ce parti pris de l’auteur qui explore et expose les injustices de l’époque d’autant plus qu’elle parvient à tisser un lien fort entre Ruby et Joyce.

On alterne entre trois points de vue: ceux de Mike, de Joyce et de Ruby. Cela donne vraiment du dynamisme au récit. On plonge aux côtés de Ruby dans sa banlieue pauvre et dans ses rêves; on souffre avec Joyce; on partage les doutes de Mike.

L’intrigue a cependant manqué de profondeur pour moi. J’ai aimé suivre l’enquête bien sûr et connaître la vérité sur la disparition de Joyce mais une centaine de pages en plus ne m’aurait pas dérangée du tout!

Un long, si long après-midi reste un roman intéressant par bien des aspects. Il a peut-être manqué d’un poil de profondeur pour qu’il soit parfait pour moi!

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