Zephyr, Alabama de Robert McCammon

Zephyr, Alabama de Robert McCammon,

Publié aux éditions Monsieur Toussaint Louverture,

2022, 614 pages.

1964, Zephyr, Alabama: Cory Mackenson aide son père dans sa tournée de lait, lorsqu’ils sont témoins d’un accident. Une voiture finit sa course dans le lac et coule à pic. A l’intérieur, un homme, atrocement amoché, est attaché par des menottes au volant. Le père de Cory n’a rien pu faire. A partir de cet événement, l’auteur construit son récit autour de Cory, douze ans.

On va donc suivre Cory dans sa vie quotidienne, en 1964, en Alabama. L’enquête menée par Cory apparaît en filigrane tout au long du roman mais n’est finalement pas l’intrigue principale. C’est juste un prétexte qui permet au lecteur de connaître Cory et sa bande de copains. Et Zephyr, Alabama n’a rien d’un roman jeunesse bien qu’on y suive un jeune garçon.

C’est un livre qui parle de racisme. A Zephyr, les Blancs vivent d’un côté; les Noirs de l’autre. On y parle aussi de la condition féminine et du progrès qui peu à peu bouleverse la société: l’ouverture d’un supermarché, la mère de Cory qui doit alors travailler, les maisons closes qui existent encore à l’époque. C’est un roman qui raconte une période d’entre-deux: la jeunesse qui s’émancipe peu à peu, les guerres qui rythment le calendrier américain, la religion qui perd de son pouvoir. On quitte une certaine période insouciante et très codifiée pour entrer dans un moment historique et crucial de l’Histoire des US.

J’ai adoré suivre Cory à travers son enquête: ses amitiés, ses aventures du quotidien. L’auteur nous immerge complètement dans les années 60. Une part de fantastique saupoudre le roman également et surgit parfois au détour d’une ruelle. Est-ce l’imagination de Cory qui se rêve déjà écrivain ou Zephyr contient-elle des secrets bien gardés?

Chronique d’une enfance douce-amère, Zephyr Alabama est un roman doux, parfois cruel, mais tellement émouvant. Cory est un personnage qui lui aussi est entre-deux: il va quitter le monde merveilleux de l’enfance pour entre dans celui de l’adolescence. Le lecteur va l’accompagner le temps d’une année sur ce chemin initiatique.

Les dernières pages m’ont émue aux larmes et j’ai quitté à regret Cory et ses amis, ce souvenir si doux de l’enfance et des jeux où tout semblait possible. Zephyr, Alabama est un chef-d’œuvre.