Au Bonheur des dames d’Emile Zola

Au Bonheur des Dames d’Émile Zola,

Publié aux éditions Flammarion,

1999, 567 pages,

Pour l’acheter: Au Bonheur des Dames

 

 

 

 

 

 

Octave Mouret affole les femmes de désir. Son grand magasin parisien, Au Bonheur des Dames, est un paradis pour les sens. Les tissus s’amoncellent, éblouissants, délicats, de faille ou de soie. Tout ce qu’une femme peut acheter en 1883, Octave Mouret le vend, avec des techniques révolutionnaires. Le succès est immense. Mais ce bazar est une catastrophe pour le quartier, les petits commerces meurent, les spéculations immobilières se multiplient. Et le personnel connaît une vie d’enfer. Denise échoue de Valognes dans cette fournaise, démunie mais tenace. Zola fait de la jeune fille et de son puissant patron amoureux d’elle le symbole du modernisme et des crises qu’il suscite. Zola plonge le lecteur dans un bain de foule érotique. Personne ne pourra plus entrer dans un grand magasin sans ressentir ce que Zola raconte avec génie : les fourmillements de la vie.

Je n’avais pas lu ce classique de la littérature française. Bien sûr, j’ai lu et relu (pour les cours) L’Assommoir ou encore Germinal mais pas Le Bonheur des dames. Bien m’en a pris de télécharger sur ma liseuse Albertine cet ebook gratuit car j’ai adoré!

Non, Zola ce n’est pas que des longues descriptions, c’est aussi une histoire, des personnages, un monde fait de couleurs, de drames, d’espoir. Dans ce roman, le personnage principal s’appelle Denise. Elle débarque de sa province, sans le sou et sans parents, avec ses deux frères accrochés aux bras. A Paris, elle espère trouver une place rapidement chez son oncle Baudu, vendeur de tissus et d’étoffes en tout genre. Hélas! Denise déchante vite.

Son oncle l’accueille certes à bras ouverts mais la boutique qu’il tient depuis des générations est broyée par le grand magasin qui fait face: Le Bonheur des dames, tenu par Octave Mouret, fringuant célibataire. Tandis qu’il ressasse sa rancœur contre les grands magasins, Baudu perd ses clients faute d’investissements!

Denise entre d’abord au service de cet oncle bourru mais bienveillant dans une boutique sombre, sorte caverne qui sent le renfermé et le moisi. De là, Denise peut apercevoir les lumières du grand magasin concurrent. Et elle en rêve de ces lumières, de ces tissus vendus au kilomètre. Au bout de quelques temps, Denise se décide et tente sa chance: elle se fait alors embaucher au bonheur des dames en tant que vendeuse.

A travers ce roman, Zola dépeint l’ascension sociale d’une jeune femme partie de rien mais aux valeurs et au sens morale très forts. Denise est une femme moderne qui ne cède ni à la facilité ni à la vulgarité. Elle s’est tracé un idéal de vie qu’elle respecte et cette jeune provinciale dont tout le monde se moque va faire de nombreux envieux et envieuses. Elle abat tous les obstacles avec entêtement mais sans jamais faire de vagues suscitant bien vite convoitise et rumeurs les plus folles. Le texte est riche, puissant et j’ai énormément pris de plaisir à suivre l’évolution de Denise.

Zola décrit aussi l’avènement des grands magasins qui bousculent les habitudes des Parisiens et qui concurrencent les petits commerces. Octave Mouret est à la tête du Bonheur des dames et il rachète petit à petit tous les immeubles alentours afin d’étendre son Empire. Au fur et à mesure de son ascension, il observe la chute de ses concurrents qui vont parfois commettre l’irréparable. Certains tenteront de résister comme le Père Bourras, d’autres iront jusqu’au suicide pour ne pas voir la déchéance de leur commerce. Déjà à cette époque, les commerçants se plaignaient de la concurrence déloyale et dévorante des grandes enseignes!

Livre-monde, Au Bonheur des dames dépeint une société touchée par le capitalisme mais surtout le consumérisme. Il est intéressant de voir que le texte reste d’actualité tant il colle parfaitement aux temps présents. Il suffit de relire les pages sur les stratégies mises au point par Octave Mouret afin de faire consommer ses clientes pour se rendre compte de la vision juste et moderne de Zola!

Quant à la fin du roman, elle m’a énormément étonnée. Habituée aux fins tragiques de la part de Zola, j’ai été vraiment surprise par le côté « Happy end » du roman. Un beau moment de littérature….

 

9 réflexions sur “Au Bonheur des dames d’Emile Zola

  1. Pingback: C’est Lundi, que lisez-vous? #38 | carolivre

  2. Le thème de ce Zola me fait envie mais j’ai un peu peur de me lancer et d’être déçue car d’autant j’ai adoré La Curée mais par contre L’assomoir j’ai même pas pu le finir…

    • Ah, mais L’Assommoir, c’est spécial et je comprends car les longueurs sont là! Dans Au Bonheur des Dames, il y a peut être quelques pages longuettes mais l’intrigue reste passionnante jusqu’au bout!

  3. Ah oui, alors ! Ce que j’ai pu adorer ce roman, à 17 ans, alors que les imposés pour le bac me faisait mourir d’ennui… L’assommoir est resté, poussiéreux et abandonné, sur ma table de chevet, mais j’avais dévoré celui-ci. Les relations hommes-femmes y sont finement décrites, et il y a plusieurs niveaux de lecture, bien-sûr, comme toujours chez Zola (en même temps, vu l’épaisseur de ses volumes, il se donne le temps d’explorer ses sujets, le bougre !). Il est particulièrement moderne, en fait, et j’en garde un souvenir assez précis. Merci de me le rappeler, je le relirais bien, plus de vingt ans après, pour voir…

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