Ces rêves qu’on piétine de Sébastien Spitzer

 

 

 

Ces rêves qu’on piétine de Sébastien Spitzer,

Publié aux éditions de l’Observatoire,

2017, 305 pages.

Allemagne, avril 1945. Les parcours croisés de Magda Goebbels, femme la plus puissante du IIIe Reich, et d’Ava, trois ans, enfant du KZ-Bordell d’Auschwitz. Tandis que les alliés progressent, la première s’enfonce dans l’abîme de la folie nazie et la seconde, miraculée de l’horreur, tente d’échapper à son destin.

J’avais repéré ce titre chez Margaud Liseuse. Il m’attendait tranquillement dans ma PAL. Je l’ai lu en deux jours. Sébastien Spitzer signe ici un premier roman passionnant et très émouvant.

Le thème des camps de concentration est un thème qui m’est cher et qui me touche personnellement. Ma grand-mère a été l’une des rescapés de ces camps de la mort et elle a connu, comme les personnages au début du roman, les marches de la mort. Alors que l’Allemagne est de plus en plus affaiblie, les dirigeants nazis décident de sacrifier des dizaines de milliers de déportés afin de finir le sale boulot et d’effacer toutes traces de leurs terribles agissements. La première scène du roman de Sébastien Spitzer s’ouvre sur une de ces marches de la mort qui se terminera, pour de nombreux personnages, par une mort indigne.

Ainsi, l’auteur va nous raconter l’histoire d’Ava et de sa maman Fela qui ont pu s’échapper de leur convoi forcé. Il nous raconte aussi, en alternance, les dernier jours de Magda Goebbels, femme du bras droit d’Hitler. D’un côté, le lecteur suit le destin d’une mère et de sa fille, porteuse de manuscrits retraçant la vie de plusieurs déportés; de l’autre, il assiste à la déchéance de Magda, terrée dans son bunker, entourée de ses enfants, attendant une fin à laquelle elle ne se résout à croire.

Sébastien Spitzer entraîne son lecteur loin dans son récit. Aux côtés de Fela et d’Ava, le lecteur souffre mille tourments, frissonne à l’évocation des horreurs subies dans les camps à en avoir la nausée; aux côtés de Magda, il voit toute la folie d’une classe dirigeante qui ne voit en l’Autre qu’un étranger à éliminer, à tuer. Les personnages de Magda et de Fela sont à l’opposé l’un de l’autre. Le roman en est d’autant plus percutant.

On découvre la noirceur de ceux qui ont mis en place la solution finale. Magda est un personnage, qui malgré son rôle dans l’Histoire, reste fascinant pour le lecteur. Partie de rien, elle a su s’élever au rang de première dame du pays, damnant son âme, trahissant les siens pour atteindre les sphères du pouvoir. Ses ambitions, ses convictions lui ont faire perdre sa part d’humanité. Les passages qui lui sont consacrés sont glaçants.

Sébastien Spitzer a fait un énorme travail de recherches pour bâtir son roman et cela se voit. Rien n’est laissé au hasard et son texte a un côté documenté très appréciable qui plonge le lecteur au cœur de l’Histoire la plus sombre.

Avec ce roman, Sébastien Spitzer nous offre un roman poignant et dérangeant. Il est un auteur à suivre, assurément.

7 réflexions sur “Ces rêves qu’on piétine de Sébastien Spitzer

  1. Ce livre doit être fort en émotion… tu m’as vraiment donné envie de le découvrir.
    Je n’ai pas encore lui celui-ci mais je pense que « la mort est mon métier » de Robert Merle devrait te plaire.

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