L’Empathie de Antoine Renand

 

 

 

L’Empathie de Antoine Renand,

Publié aux éditions Pocket,

2020, 488 pages.

Vous ne dormirez plus jamais la fenêtre ouverte.  » Il resta plus d’une heure debout, immobile, face au lit du couple. Il toisait la jeune femme qui dormait nue, sa hanche découverte. Puis il examina l’homme à ses côtés. Sa grande idée lui vint ici, comme une évidence ; comme les pièces d’un puzzle qu’il avait sous les yeux depuis des années et qu’il parvenait enfi n à assembler. On en parlerait. Une apothéose.  » Cet homme, c’est Alpha. Un bloc de haine incandescent qui peu à peu découvre le sens de sa vie : violer et torturer, selon un mode opératoire inédit. Face à lui, Anthony Rauch et Marion Mesny, capitaines au sein du 2e district de police judiciaire, la  » brigade du viol « . Dans un Paris transformé en terrain de chasse, ces trois guerriers détruits par leur passé se guettent et se poursuivent. Aucun ne sortira vraiment vainqueur, car pour gagner il faudrait rouvrir ses plaies et livrer ses secrets.

L’Empathie est le premier roman que je lis pour le Prix des nouvelles voix du polar 2020. Fortement recommandé, je me suis attaqué à ce roman diablement efficace puisque je l’ai dévoré. Si la fin ne m’a pas vraiment plu, j’ai vraiment été impressionné par le rythme et l’audace de cette lecture.

A Paris, Marion et Anthony dit « La Poire » (en raison de la forme de son corps) font partie de la brigade du viol, une unité spéciale de la police qui ne traite que des crimes sexuels. Ils sont appelés sur les lieux d’un drame: une jeune femme a été violée devant les yeux de son compagnon, lui-même violemment attaqué par l’agresseur. Qui plus est, le violeur présumé s’attaque à des couples et aime les défis: il entre par les fenêtres ouvertes la nuit, gravissant les façades des immeubles à mains nues. La brigade du viol le surnomme rapidement « Le lézard », un surhomme qui ne recule devant rien, d’une cruauté sans égale…

Âmes sensibles s’abstenir pour ce roman qui plonge le lecteur au cœur de la violence sexuelle. Certaines scènes de viol m’ont vraiment perturbée car l’agresseur ne recule devant rien pour marquer ses victimes. L’auteur fait d’Alpha un personnage d’une noirceur profonde dont les stigmates remontent à son enfance marquée par la violence et le manque d’empathie. Car c’est bien d’empathie dont il est question dans ce roman. Antoine Renand nous montre que l’être humain construit sa personnalité durant sa petite enfance. On ne naît pas psychopathe mais on le devient. L’empathie n’est pas innée mais s’apprend. Un enfant auquel on n’aurait pas appris l’empathie devient à court terme un malade en puissance.

Parallèlement à la traque du tueur, on suit Anthony, le policier en charge de l’affaire qui cache lui aussi un passé plus que trouble qui l’a marqué à vie. Les scènes évoquées par ce personnage m’ont profondément marquée. Une fois de plus, l’auteur nous laisse constater les dégâts, longtemps après, sur l’homme qu’est devenu Anthony. Sa relation complexe avec sa mère est très intéressante. J’ai adoré (si l’on peut employer ce mot ici) en savoir plus sur lui.

L’auteur sait instiller le malaise tout au long de son roman en s’attaquant à des sujets tabous qui ne laissent pourtant personne indifférent. C’est aussi une réflexion sur la façon dont on peut s’en sortir: les victimes ne deviennent pas forcément toutes des bourreaux.

La fin du roman m’aura pourtant empêchée d’en faire un coup de cœur. Les cent dernières pages m’ont paru inutiles. L’auteur veut prolonger la vie de ses personnages de papier mais s’embourbent dans des rebondissement qui alourdissent le tout. C’est bien dommage car l’intrigue initiale se suffisait amplement à elle-même.

« L’Empathie » est un polar efficace au rythme intense dont certaines scènes ne laisseront pas le lecteur indemne.

3 réflexions sur “L’Empathie de Antoine Renand

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