Sur le toit de l’enfer de Ilaria Tuti

 

 

Sur le toit de l’enfer de Ilaria Tuti,

Publié aux éditions Pocket,

2019, 424 pages.

Dans les montagnes sauvages du Frioul, en Italie, le commissaire Teresa Battaglia, la soixantaine, la langue acérée et le cœur tendre, est appelée sur les lieux d’un crime pour le moins singulier : un homme a été retrouvé mort, les yeux arrachés. À côté de lui, un épouvantail fabriqué avec du cuivre, de la corde, des branchages… et ses vêtements ensanglantés.
Pour Teresa, spécialiste du profilage, cela ne fait aucun doute : le tueur frappera à nouveau. Elle va devoir rassembler toute son énergie et s’en remettre à son expérience pour traquer cette bête humaine qui rôde dans les bois.
Si tant est que sa mémoire ne commence pas à lui faire défaut…

Sur le toit de l’enfer est ma deuxième lecture effectuée dans le cadre du Prix des Nouvelles Voix du Polar. L’auteure italienne a choisi de placer son intrigue au cœur des Alpes, dans le petit village de Traveni, isolé du reste du monde. C’est dans ce décor de montagnes enneigées qu’un corps est retrouvé atrocement mutilé puisqu’il a été énucléé. La commissaire Teresa Battaglia est dépêchée sur les lieux. Entourée de son équipe, elle va chercher à établir le profil psychologique du tueur mais de nombreux détails semblent incohérents avec tout ce qu’elle a pu étudier auparavant. Teresa se heurte aussi au silence des habitants du village et aux secrets bien gardés…

Sur Le toit de l’enfer est un polar qui prend son temps en plantant le décor et en nous parlant des personnages. L’auteure accorde une grande place à la nature tantôt sublime tantôt hostile qui entoure les lieux du crime, rappelant au passage la petitesse de l’Homme. C’est dans cette nature enneigée et glaciale que Teresa va mener son enquête. J’ai beaucoup apprécié les détails apportés à la description des lieux rendant le roman très immersif. Le décor est un personnage à part entière qui apporte beaucoup à l’ambiance du roman.

Il y a ensuite une grande place accordé aux personnages et notamment à Teresa. Chose intéressante, l’auteure fait d’elle une femme d’une soixantaine d’années. Son expérience compense son énergie déclinante. J’ai beaucoup aimé que l’auteure mette en scène une femme de cet âge et pas forcément dans la pleine capacité de tous ses moyens physiques. Teresa apparaît profondément humaine et les révélations sur son passé sont très intéressantes. Derrière sa carapace de dure à cuire, le lecteur entrevoit une femme pleine de failles. Elle va accueillir dans son équipe un petit nouveau: Marini. Les débuts sont plutôt houleux entre les deux personnages, Teresa n’hésitant pas à souligner l’incompétence de Marini ce qui donne lieu à des joutes verbales savoureuses. Elle va cependant devenir en quelque sorte le mentor du jeune inspecteur. Si elle n’est pas vraiment bonne pédagogue, elle n’hésite pas à pousser Marini dans ses retranchements afin qu’il donne le meilleur de lui même.

Enfin, l’intrigue policière en elle-même est plutôt bien menée même si j’ai deviné pas mal de choses. Il y a un jeu passé/présent dans lequel on découvre l’existence d’un orphelinat où des expériences plus qu’illégales auraient été menées. L’auteure s’est appuyée sur des faits historiques qui font froid dans le dos! Comme dans L’Empathie, l’auteure nous rappelle qu’on ne naît pas monstre mais qu’on le devient. Elle fait de son criminel un personnage terrible, une sorte de fantasme primitif, de croque-mitaine que Teresa prendra en pitié. J’ai rarement lu un roman dans lequel on plaignait plus le criminel que les victimes. Jusqu’à la dernière ligne, l’auteure m’aura étonnée. Il m’a juste manqué ce petit truc qui nous tient en haleine et qui nous fait difficilement interrompre notre lecture.

« Sur le toit de l’enfer » est un excellent polar qui laisse place à des description hivernales somptueuses et à une intrigue bien menée.

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