J’ai quelques questions à vous poser de Rebecca Makkai

J’ai quelques questions à vous poser de Rebecca Makkai,

Publié aux éditions Les Escales,

2024, 496 pages.

Bodie Kane est podcasteuse. Son succès, elle le doit aux affaires qu’elle reprend concernant d’anciennes gloires du cinéma, assassinées, disparues. Elle cherche à éclairer leur parcours et leur fin tragique. Invitée pour donner des cours dans son ancien pensionnat, Bodie se rend au fin fond du New Hampshire. Cet établissement, cerné par les bois et la neige, accueille des élèves issus de milieux plutôt favorisés. Bodie redécouvre son campus avec un oeil neuf, après la déferlante #MeToo. Elle n’oublie pas non plus le meurtre de sa colocataire, Thalia, qui la hante toujours.

« J’ai quelques questions à vous poser » est un roman que j’ai dévoré en quelques jours. J’ai eu beaucoup de mal à la poser parce que l’autrice a su m’embarquer dès les premières pages. J’ai adoré d’abord l’ambiance de l’intrigue. Tout se déroule sur ce campus, coupé du reste du monde. La neige, la forêt isole les étudiants et les professeurs. En 2018, les choses ont pourtant bien changé. Les élèves semblent épanouis, plus ouverts. Mais à l’époque, dans les années 90, Bodie a beaucoup souffert.

Ce retour dans son ancien pensionnat permet à la narratrice de se replonger dans ses souvenirs: le harcèlement qu’on ne nommait pas à l’époque, les blagues déplacées, le sexisme largement admis. Et puis, surtout, le meurtre de Thalia. Le coupable croupit en prison. Il s’appelle Omar. Il est noir. Il purge sa peine. Bodie, à quarante ans, s’aperçoit qu’elle a peut-être mal interprété certaines choses. Avec son expérience, elle repense à l’enquête bâclée, à l’époque et aux nombreux dysfonctionnements qui ont conduit à l’arrestation d’Omar.

J’ai été happée de A à Z dans cette histoire parce qu’on mesure le chemin parcouru grâce à #MeToo; parce que Bodie va reprendre l’enquête depuis le début. Tout au long du roman, elle imagine divers scénarios. Qui avait intérêt à Tuer Thalia? L’autrice maîtrise à la perfection sa narration avec des flash-back fréquents qui permettent d’éclairer le présent, un peu à la manière dont les souvenirs se réactivent. Les détails reviennent alors petit à petit, au fil du temps.

La narratrice s’interroge alors sur son adolescence. Comment l’a-t-elle vécue? Etait-elle une meneuse? Une suiveuse? Comment a-t-elle traversé cette période difficile de la vie? Grâce à son expérience, elle examine, compare et se rend compte de certaines choses totalement anormales…

En refermant ce roman, c’est un sentiment d’injustice qui domine clairement. Je vous laisse découvrir le fin mot de cette histoire, criante de vérité.

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