Le confident, Hélène Grémillon

Le Confidentest un roman bouleversant qui me fait dire que mon année littéraire commence plutôt bien. Dans ce livre on suit le récit de Camille. Elle vient de perdre sa mère. Dans la pile de courrier qu’elle reçoit chaque cours, une lettre se distingue des autres. Il s’agit de quelques pages manuscrites, envoyées tous les mardis, signées d’un unique « Louis » à chaque fois. Et ce Louis raconte l’histoire étrange d’une certaine Annie. Au départ Camille ne fait guère attention. Editrice, elle se dit qu’il s’agit d’un auteur essayant d’attirer son attention en lui envoyant quelques fragments de son roman. Et puis, au fil des envois, le récit de Louis se fait plus troublant. Cette Annie s’attire les faveurs d’un couple de bourgeois, Paul et Elizabeth. Annie et Elizabeth se lient d’amitié. Cette dernière cache un lourd secret, une honte inavouable: elle est stérile. Dans cette France des années 40 où la femme n’est rien sans enfant, où les campagnes en faveur de la natalité s’enchaînent, Elizabeth est profondément malheureuse de son sort. Elle se confie à Annie et la jeune femme lui propose l’impensable, porter son enfant. Les choses se compliquent alors. Camille prend peu à peu conscience que cette histoire est peut-être la sienne…

 

 

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J’ai dévoré ce roman sur les origines. Attention, une fois le nez dedans on ne peut plus en sortir. La preuve: je l’ai lu en une petite journée.

Tout comme Camille, le lecteur est d’abord intrigué par cet envoi presque anonyme de la part d’un certain « Louis ». On suit donc avec attention ce récit imbriqué qui à première vue n’a rien à voir avec la vie de Camille l’héroïne. Puis peu à peu, un certain cheminement s’opère. En même temps que Camille on se pose des questions: « et si tout cela était lié à sa vie? »

 

Peu à peu les éléments se mettent en place et le lecteur comprend que Camille est en train de lire et de découvrir un secret de famille terrible. Le récit est d’abord porté par Louis, ami d’enfance d’Annie. Il n’a qu’une vision partielle des choses. Mais le point de vue change pour adopter celui d’Annie elle-même. Cette jeune femme qui a osé porter l’enfant d’une autre pour réparer une injustice de la vie. Mais rien n’est simple. Comment renoncer à un enfant que l’on a porté neuf mois dans son ventre?

Le coup de grâce est apporté par Elizabeth. Elle a voulu cet enfant et est prête à tout pour le garder. Une machination diabolique naît alors dans son esprit de mère illégitime. Comme elle le dit si bien, quand la Nature vous enlève la possibilté de faire un enfant, elle devrait aussi vous enlever l’instinct maternel. Comme une louve, elle gardera et protégera cet enfant prodigue quitte à tuer.Histoire de femmes, histoire de mères. Comment avoir un rôle en dehors de la fonction maternelle lors de ces années de guerre? Elizabeth est vue d’abord comme une femme stérile, qui ne sert à rien, un réceptacle vide. Mais les choses changent à partir du moment où elle a un enfant. Question de point de vue ou d’époque? Les choses ont-elles réellement changé aujourd’hui?

 

Enfin, là où l’auteur est très forte, c’est qu’elle brouille les pistes. Il n’y a pas d’univers manichéen. Bien sûr on prend parti pour Annie qui se voit arracher son bébé dès la naissance mais on ne peut que comprendre le désespoir d’Elizabeth rongée par ce mal d’enfant qui la détruit à petit feu. Rien n’est donc simple dans ce roman.

 

Jusqu’au bout, le lecteur est tenu en haleine. Ce n’est que dans les dernières pages qu’il découvrira la fin mot de l’histoire.

Une pure merveille qui rappelle que dans toute famille il y a un secret qui dort…

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