Even dead things feel your love de Mathieu Guibé

Even dead things feel your love de Mathieu Guibé,

Publié aux éditions du Chat noir,

2013, 276 pages,

Pour l’acheter: Even dead things feel your love

 

 

 

 

 

Au terme de votre vie, à combien estimez-vous le nombre de minutes au cours desquelles vous avez commis une erreur irréparable ? De celle dont les conséquences régissent d’une douloureuse tyrannie vos agissements futurs jusqu’au trépas. Mon acte manqué ne dura pas plus d’une fraction de seconde et pourtant ma mémoire fracturée me renvoie sans cesse à cet instant précis tandis que la course du temps poursuit son inaltérable marche, m’éloignant toujours un peu plus de ce que j’ai perdu ce jour-là. Je me demande si notre dernière heure venue, les remords s’effacent, nous délestant ainsi d’un bagage bien lourd vers l’au-delà ou le néant, peu importe. Puis je me souviens alors qu’il s’agit là d’une délivrance qui m’est interdite, condamné à porter sur mes épaules ce fardeau à travers les âges, à moi qui suis immortel.

L’amour ne devrait jamais être éternel, car nul ne pourrait endurer tant de douleur.

C’est grâce à Cécile que j’ai découvert cet autre titre paru aux éditions du Chat noir, maison de qualité s’il en est! Encore une histoire de vampires, certes, mais bien différente des autres à mes yeux et ce pour plusieurs raisons.

Dans ce roman au tome unique (point de saga ici), le lecteur fait la connaissance de Josiah. Ce personnage, bien que d’apparence jeune, est en réalité très très âgé. En effet, c’est un vampire. Sans s’attacher sur les conditions de sa transformation qui restent très mystérieuses, nous comprenons que Josiah a déjà plusieurs vies et qu’il a vu le monde évoluer autour de lui tandis que tous les membres de sa famille ont disparu un à un au fil des années. Tous sauf un seul! Son majordome Rudolf qu’il a lui-même transformé. J’ai apprécié que Josiah ne soit pas seul dans son aventure et qu’il ait auprès de lui Rudolf à la fois figure de confident et de père.

Après avoir passé quelques années à Londres et après y avoir mené une vie passablement dissolue, Josiah prend l’initiative de rentrer sur ses terres du Gloucesterhire. Il y fait alors la connaissance d’Abigale, une jeune femme délicate et très belle, qui semble faire fi de toutes les conventions. Ces deux-là tombent bien sûr amoureux mais peu après, un drame survient: Josiah perd Abigale.

Le jeune vampire n’aura de cesse de la chercher et de faire tout ce qu’il a en son pouvoir pour la retrouver. Mathieu Guibé décrit avec finesse le désespoir de Josiah, ce vampire qui avait retrouvé une part d’humanité grâce à Abigale. Sa quête est tantôt auto-destructrice, tantôt sauvage lorsque le jeune homme laisse libre cours à ses pulsions. Certaines scènes sont d’ailleurs proches de l’horreur (je sais bien qu’il m’en faut peu).

On se plaît à suivre cette quête désespérée pour retrouver cet amour pur et perdu. La tension du roman monte crescendo et la question qui nous brûle les lèvres est « y parviendra-t-il? ». Si la deuxième partie du roman m’a un peu moins plu, j’ai retrouvé toute l’énergie de l’auteur à la fin du livre. La fin se clôt d’ailleurs d’une manière inattendue.

Je parlerai enfin du style de l’auteur. Ses phrases sont pleines de poésie. Il prend le temps de décrire les personnages et les sentiments de ceux-ci sans jamais ennuyer son lecteur. Son style un peu désuet à certains moments m’a terriblement fait penser aux auteurs du 19ème siècle comme Oscar Wilde par exemple. En tout cas, il ne sacrifie jamais l’écriture au profit de l’action et du dialogue.

Even dead things feel your love est donc un roman très réussi, au style travaillé et aux personnage originaux. Un beau roman sur l’amour sacrifié et sur ce qui fait la part d’humanité de l’homme.

5 réflexions sur “Even dead things feel your love de Mathieu Guibé

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