Pétronille d’Amélie Nothomb

Pétronille d’Amélie Nothomb,

Publié aux éditions Albin Michel,

2014, 169 pages,

Pour l’acheter: Pétronille

 

 

 

 

A chaque rentrée littéraire, c’est le même rituel, on m’offre le nouveau Nothomb. C’est devenu plus aujourd’hui une habitude qui marque la fin des vacances qu’une réelle envie tant j’ai été déçue par ses derniers romans.

Après avoir entendu Amélie à la radio, vu Amélie à la télé, j’avais quand même sérieusement envie de découvrir ce roman. La drôlerie de l’auteur et son sens de l’humour m’ont rendue curieuse. Et puis, j’avoue préférer les romans dans lesquelles Amélie Nothomb se dévoile, se raconte: c’est là qu’elle maîtrise le mieux son sujet.

Dans Pétronille, Amélie invite son lecteur à la suivre en tant qu’Amélie Nothomb, romancière de son état. Alors qu’elle habite à Paris, Amélie semble prise de solitude. Son péché mignon est celui de boire du champagne mais pas question de pratiquer cette activité en solo. Amélie souhaiterait rencontrer un compagnon qui puisse lui tenir compagnie lors de ses descentes de Moët et autres Veuve Clicquot.

Amélie trouve « son âme sœur » lors d’une dédicace en la personne de Pétronille. Au premier abord, Amélie prend Pétronille pour un garçon. Il faut dire qu’avec sa démarche et ses cheveux courts, elle ressemble davantage à un jeune homme qu’à une midinette. Amélie et Pétronille vont très vite se lier d’amitié alcoolique. Et pourtant, ce n’était pas gagné au départ. En effet, tout semble opposer Amélie et Pétronille. Amélie vient d’une famille de diplomates tandis que Pétronille a des parents communistes; Amélie s’offusque de nombreuses choses et met la politesse au-dessus de tout tandis que Pétronille ne s’embarrasse pas de faire pipi entre deux voiture en plein Paris.

Si leur amitié s’avère rocambolesque, elle se termine d’une manière abrupte et c’est peut-être cette fin que j’ai le moins apprécié dans le roman. J’ai en effet beaucoup aimé la manière dont Amélie Nothomb met en scène son double, cette Amélie pudique, consensuelle, timide. Certains passages sont très drôles et il est intéressant d’essayer de dénouer les fils du biographique et du romancé.

Le personnage de Pétronille permet à Amélie d’introduire une réflexion plus profonde sur la littérature et le métier d’écrivain. En effet, Pétronille tente elle aussi de se faire éditer. Elle percera d’ailleurs dans le milieu avec un certain succès. Mais au-delà des aventures éditoriales des deux amies, l’auteur se raconte un peu plus sur sa façon d’envisager le métier d’auteur. Elle lève le voile sur cette malédiction qui lui procure autant de bien que de mal. Pour Amélie, la vie est rythmée par l’écriture. Levée dès quatre heures du matin, elle écrit jusqu’à huit heures (peu importe l’heure à laquelle elle s’est couchée d’ailleurs) avant de lire tout, sauf ses propres œuvres.

Mais c’est surtout le style reconnaissable de l’auteur que j’ai préféré dans ce roman car elle y déploie une langue pleine de verve et d’humour. Avec beaucoup d’auto-dérision, l’auteur aime peindre ses défauts et les mettre en scène. Son roman est drôle à la limite du surréalisme. Elle aime jouer avec la langue, faire rouler les mots sous sa plume et décrire des situations cocasses à souhait.

Pétronille ne renoue pas pour moi avec les premiers romans de l’auteur mais il apporte sa pierre à l’édifice. L’humour d’Amélie Nothomb et son côté décalé transparaissent à travers ce roman et en font un livre délicieux.

8 réflexions sur “Pétronille d’Amélie Nothomb

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