Des Héros ordinaires de Douglas Kennedy

Des Héros ordinaires de Douglas Kennedy,

Publié aux éditions Omnibus,

2015, 1232 pages.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Un événement : le premier volume de l’œuvre romanesque de Douglas Kennedy.
Réglés comme des thrillers implacables, les quatre romans réunis dans ce premier volume s’intéressent à des hommes qui, par choix, contrainte ou accident, voient leur existence tout à coup bouleversée. En chutant de leur piédestal doré, ils doivent se réinventer et refaire leur vie. C’est aussi l’american way of life guidé par l’argent et la frénésie de consommation que Douglas Kennedy attaque de front.
Un premier tome qui regroupe: L’homme qui voulait vivre sa vie (1998), Les Désarrois de Ned Allen (1999), Rien ne va plus (2002), Piège nuptial (1998, 2008)

 

Grâce à Masse critique de Babelio et aux éditions Omnibus, j’ai eu la chance de recevoir le premier volume de l’œuvre romanesque de Douglas Kennedy. Ce premier tome compile quatre romans et il est dédié aux « héros ordinaires ». Ces héros ce sont principalement des hommes qui n’ont rien de héros justement. Ce sont des gens tout à fait banals que l’on peut croiser tous les jours dans la rue, au travail. Néanmoins, leur vie va être bouleversée par un événement important et ces hommes vont devoir tout remettre en cause et s’en sortir par leurs propres moyens, à la sueur de leur front. Ils ne pourront compter que sur eux-mêmes. Dans chacun de ces romans, le héros fait cavalier seul. Les récits rassemblés ici narrent l’histoire d’une chute et d’une renaissance. J’avais déjà eu l’occasion de lire L’homme qui voulait vivre sa vie et Piège nuptial. Je vous laisse vous référer à mes chroniques.

J’ai porter mon dévolu cette fois-ci sur Les Désarrois de Ned Allen dans cette anthologie, et je suis, une fois de plus, conquise par la plume de l’auteur et son sens du récit.

Ned Allen est un trentenaire brillant, à la carrière éblouissante et aux dents longues. Il travaille dans une société de pub informatique et se targue d’en être le meilleur vendeur. Un jour, sa boîte est rachetée par une société européenne. On fait d’ailleurs miroiter le poste de PDG à Ned. Le 2 janvier, Ned et ses collègues apprennent que la société qui les a rachetés, les licencie tous. Plus de prime, plus de salaire et surtout plus de réputation pour Ned. Parallèlement, sa vie de couple explose. C’est le début de la descente aux enfers pour Ned qui se retrouve du jour au lendemain sans rien jusqu’à ce qu’un ancien camarade de fac lui propose un boulot, une bouée de sauvetage empoisonnée. Mais Ned n’en a pas mesuré toutes les conséquences…

Au départ, je me suis vraiment demandé où l’auteur cherchait à nous embarquer. Il nous décrit la vie de Ned, certes trépidante, mais pas tant que ça. On a l’impression de lire un énième livre sur la brillante carrière d’un self-made-man. Ned réussit partout où il passe. C’est un homme qui a plaqué sa ville de bouseux et tourné le dos à sa famille pour s’installer à New-York et gravir les échelons de la société. Ainsi, au début du roman, le narrateur nous raconte le quotidien du héros. De longues pages nous dévoilent ses stratégies offensives pour vendre et toujours vendre plus. Bref, l’intrigue semble traîner en longueur et pourtant, l’auteur place patiemment ses pions. Il construit pièce après pièce la vie de Ned pour mieux la démonter, la faire tomber tel un château de cartes. Rapidement, la vie de Ned devient un enfer. Il est viré de son boulot, croule sous les dettes, se sépare de sa femme et se retrouve à la rue. Tout s’enchaîne très rapidement et on regarde ce pauvre personnage de Ned se débattre avec la cruauté de l’existence jusqu’au point de non retour. Les choses s’accélèrent et là, impossible de décrocher de la lecture tellement le déroulement de la vie de Ned devient implacable!

En effet, alors qu’on pourrait croire Ned avoir touché le fond, l’auteur nous mène aux confins du cynisme. Il dresse une critique féroce du libéralisme américain et le premier à en faire les frais est Ned. La descente aux enfers du personnage se mue en thriller démoniaque. Je ne vous en dis pas plus mais jusqu’à la fin du récit, la tension est grande. Finalement, Ned apparaît comme un personnage victime d’un système qui l’exploite, qui le presse jusqu’à la moelle. Tel un pantin désarticulé, Ned devient le jouet d’une société américaine qui se veut puritaine mais qui finalement ferme les yeux sur pas mal d’affaires louches tant que l’argent, dieu tout puissant, est là. Le suspens est manié avec une efficacité redoutable et il faut lire la dernière page pour connaître enfin le fin mot de l’histoire.

Des Héros ordinaires ne rassemble que du bon! C’est une très bonne entrée en matière pour découvrir la plume de l’auteur. Je tiens aussi à dire que l’objet livre est très beau. Les éditions Omnibus ont fait un travail remarquable sur la qualité des textes et de l’édition et je les remercie pour leur confiance. De mon côté, je garde le dernier roman « Rien ne va plus » sous le coude et je ne saurai le lire sous peu. 

4 réflexions sur “Des Héros ordinaires de Douglas Kennedy

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