Inséparables d’Elie Darco

 

 

Inséparables d’Elie Darco,

Publié aux éditions Magnard Jeunesse,

2017, 220 pages.

 

 

 

Ballotés au gré des affectations successives de leurs parents militaires, Alec et sa sœur Beryl sont un peu livrés à eux-mêmes. Complices et inséparables, ils aiment repousser leurs limites et tenter des expériences dangereuses, quitte à enfreindre les règles. Mais quand la famille échoue dans une petite ville perdue au milieu de la forêt, loin de toute animation, l’ennui les gagne….

Je remercie d’abord Elie Darco et les éditions Magnard jeunesse pour m’avoir fait parvenir ce roman que j’ai énormément apprécié. Estampillé « jeunesse », je pense qu’il plaira aussi aux jeunes adultes et aux adultes tant le style et l’intrigue du roman sont extrêmement travaillés.

Elie Darco m’a d’abord étonnée par son écriture et son style. Loin de simplifier les choses sous prétexte qu’elle s’adresserait à des lecteurs plus jeunes, elle maîtrise parfaitement sa plume. Son écriture est très moderne. Les phrases sont percutantes et pleine de vie. Elle parvient en quelques lignes à instaurer toute une atmosphère: que ce soit par la complicité entre Beryl et Alec ou par l’ambiance inquiétante  de la ville de Morran. Bon point de ce côté-là donc pour moi.

Elle noue ensuite une intrigue très intéressante à tel point qu’elle mène son lecteur par le bout du nez. En effet, l’histoire débute par l’entrée en scène d’Alec et de Beryl. Ils sont frère et sœur, inséparables. Un peu livré à eux-mêmes, ils font les 400 coups. Leurs parents tous les deux militaires travaillent beaucoup. Alec et Beryl ont déménagé plusieurs fois. Ils ont donc l’habitude de se serrer les coudes et d’avancer de front. Très complices, ils s’aiment à la vie à la mort et ont besoin l’un de l’autre pour ne pas succomber à la routine et à l’ennui.

Un jour, ils déménagent une nouvelle fois dans une petite ville: Morran. Elie Darco ne situe pas exactement son intrigue et laisse volontairement les pistes brouillées. Elle décrit une petite ville paumée, grise et sombre, sous la pluie. A Morran tout le monde se connaît. La forêt entoure la ville et la coupe un peu du monde. On comprend aussi que le monde dans lequel Alec et Beryl vivent n’est pas vraiment le nôtre (ou alors il le sera dans quelques temps). L’énergie est économisée. On n’écrit plus sur du papier mais sur des tablettes. L’eau, l’essence sont rationnées. Bref, cela ajoute un sentiment d’oppression.

Alec et Beryl s’ennuient car il n’y a rien à y faire. Et puis un soir, alors qu’ils « jouent » à tirer dans les bois avec une arme, un drame survient.

L’auteur fait monter la pression petit à petit. Elle plante le décor. En lisant ce roman, j’imaginais parfaitement la petite ville de Morran repliée sur elle-même dégoulinante de pluie, assombrie par cette forêt qui la ceinture. L’atmosphère n’est pas des plus amicales et la tension monte de plus en plus jusqu’au soir du drame où les événements vont alors s’enchaîner. On se demande réellement où l’auteur nous entraîne. Elle parvient à semer le doute dans l’esprit de son lecteur. On va de découverte en découverte en se posant énormément de questions. Je ne peux guère vous en dire plus. Sachez seulement que le mystère s’épaissit au fil des pages. On bascule alors dans le thriller: qui a raison? Qui a tort? Le personnage est-il fou? J’ai élaboré des tas d’hypothèses avant de connaître le fin mot de l’histoire. 

Avec Inséparables, Elie Darco mène son lecteur par le bout du nez. L’atmosphère pesante et mystérieuse de la ville de Morran ajoute du suspens au roman. Les personnages vont de découverte en découverte. Jusqu’à la dernière page, l’auteur tient son lecteur en haleine. Une vraie réussite! 

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