Underground Railroad de Colson Whitehead

 

 

 

Underground Railroad de Colson Whitehead,

Publié aux éditions Albin Michel,

2017, 398 pages.

Cora, 16 ans, est une jeune esclave née sur une plantation de coton en Géorgie. Grâce à César, elle réussit à s’échapper. Leur première étape est la Caroline du Sud, dans une ville qui semble être le refuge idéal mais qui cache une terrible vérité. Il leur faut fuir à nouveau, d’autant plus que Ridgeway, le chasseur d’esclaves, est à leurs trousses.

Underground Railroad a reçu le prix Pulitzer et le National Book Award et en le lisant, on comprend vraiment pourquoi. Colson Whitehead déploie une intrigue qui touche le lecteur au plus haut point et ne le laisse pas indemne. Difficile de parler d’une telle lecture quand elle vous marque à ce point et vous laisse anéanti, à bout de souffle une fois la dernière page tournée.

L’auteur nous plonge au cœur de la Géorgie dans la plantation des frères Randall. Ils possèdent des esclaves noirs, beaucoup d’esclaves pour cueillir notamment le coton dans les champs. Cora est l’une d’elle. Elle est esclave de mère en fille depuis deux générations. Sa mère Mabel a réussi à s’enfuir sans se faire prendre. Elle est la seule à ce jour à avoir réussi cet exploit. Un jour, Caesar, un nouvel esclave, propose à Cora de s’enfuir à bord du légendaire train clandestin et souterrain qui emmène les esclaves en terre libre, au Nord…

Colson Whitehead donne un souffle épique à son roman. On suit l’échappée de Cora qui s’enfuit avec Caesar et qui va traverser plusieurs états: l’Indiana, le Tennessee, la Caroline du Sud. A ses trousses, il y a le chasseur d’esclaves Ridgeway qui ne laisse jamais tomber sa proie. Il prend comme un affront personnel la fuite de Cora, fille de Mabel, la seule à lui avoir échappé. A travers les états esclavagistes, Cora va tenter de trouver sa place et de survivre.

La lecture de ce roman prend le lecteur aux tripes. Colson Whitehead déploie une langue où la violence de l’homme blanc contre l’homme noir est à son paroxysme. Des vies sont brisées, anéanties d’un seul claquement de doigt. Les noirs sont des objets qu’on troque, qu’on vend, qu’on casse, qu’on viole. Certains passages m’ont donné la nausée mais Colson Whitehead se contente juste de dire la vérité, de la montrer. C’est une partie de l’histoire de l’Amérique qui s’est écrite dans le sang et la douleur. D’abord le massacre des Indiens puis la traite des noirs enlevés de leur Afrique natale. Des « corps volés travaillant une terre volée »: voilà la phrase qui pourrait résumer ce roman.

C’est violent, effrayant mais aussi brillant. On s’attache à Cora, l’héroïne qui fuit la plantation et qui verra mille exactions, mille horreurs devant ses yeux à l’image de ces routes maudites où les cadavres des noirs pendent aux arbres sur des kilomètres. Dans une Amérique en proie encore aujourd’hui aux violences raciales, il est nécessaire, je pense, de lire de tels livres qui nous ramènent à la racine des choses.

Underground Railroad est un roman bouleversant qui m’a touchée, émue. Je pense encore aux mots de Colson Whitehead, à Cora, à tous ceux qui ont été mutilés, violés, tués…. Un roman magistral.

9 réflexions sur “Underground Railroad de Colson Whitehead

  1. Je viens de lire ce roman, et comme toi, j’en suis restée le souffle coupée. Je te recommande la lecture de Beloved de Toni Morrison, si tu ne connais pas ; je trouve que c’est très intéressant de la croiser à celle d’Underdround Railroad.

  2. Ce livre me faisait de l’oeil lors de la rentrée littéraire, mais j’ai un peu peur que le sujet me plombe le moral. Mais ton avis me donne envie, vraiment. Et comme tu le dis si justement, ce genre de sujet doit avoir de la visibilié et on doit en parler.

  3. Pingback: Bilan Lectures du mois de Mars | Carolivre

  4. Pingback: ❤ « Underground railroad » de Colson Whitehead (Albin Michel, 2017 ; Le Livre de Poche, 2019) – Les miscellanées d'Usva

Laisser un commentaire