La Fourrure blanche de Jardine Libaire

 

 

 

La fourrure blanche de Jardine Libaire,

Publié aux éditions Presses de la Cité,

2018, 428 pages.

 

 

Wyoming, 1987. Dans une chambre de motel, une jeune femme aux longues tresses afro pointe son fusil de chasse sur la poitrine d’un jeune homme aux allures de gendre idéal. Elle est fille de junky, il est fils de milliardaire. Ils se sont rencontrés un an plus tôt, de l’autre côté du pays. La passion a viré à l’obsession. Et les saisons ont défilé, aussi vite que les paysages, de New Haven à New York, dans les quatre coins d’une société que la fin des années quatre-vingt électrise. Mais de quelle flamme peuvent bien se consumer ces deux êtres que tout oppose ? Comment se retrouve-t-on en cavale dans le Midwest, le fusil braqué sur le corps de celui qu’on aime ?

Un grand merci aux éditions Presses de la Cité pour cette belle découverte. La Fourrure blanche est un roman que j’ai énormément apprécié à tel point que je l’ai lu en deux jours.

Elise et Jamey n’ont rien en commun. Elle vient d’un quartier très pauvre de New Haven: un père absent, une mère défoncée, des demi-frères et demi-sœurs en pagaille et pour tout ciel d’horizon, la drogue. Elle a arrêté ses études à 16 ans et s’est enfuie pour fuir la misère sociale et affective. Il est issu d’une famille riche de New-York avec appartement sur la cinquième avenue, chauffeur et domestiques. Pourtant, Elise et Jamey se rencontrent, se plaisent et commencent à sortir ensemble.

Au départ, c’est Elise qui s’amourache de Jamey. Pas pour son argent, elle s’en fout. Juste parce-que c’est lui, qu’il lui plaît, qu’il est beau. Pour lui, Elise c’est une sorte de territoire inconnu, un nouveau jeu, une façon d’embêter sa famille exigeante et puis il faut dire qu’Elise est une fille originale et étonnante surtout dans un lit! Et puis, l’amour s’en mêle et la passion vient submerger Elise et Jamey pour les emporter loin, très loin. Peut-on aimer trop?

Avec ce roman, Jardine Libraire réécrit une sorte de Roméo et Juliette sauf que Juliette est complètement paumée et que sa famille ne compte pas. On suit la naissance d’un amour puis son fleurissement avec comme point d’orgue du sexe, du trash et des disputes. La Fourrure blanche n’est pas le genre de livre dans lequel les choses tournent bien. Elise reste Elise jusqu’au bout des ongles qu’elle porte longs et flashy. Jamey n’essaie pas d’en faire une fille de son milieu même s’il a bien conscience qu’un fossé les sépare. L’auteur pose les bonnes questions à travers ce livre. Est-on dépendant du milieu social duquel on est issu ou peut s’en extraire d’un côté comme de l’autre? Peut-on aimer quelqu’un qui ne vient pas du même milieu que soi et peut-on abattre toutes les barrières pour vivre son amour? Elise et Jamey tentent de s’aimer alors que tous veulent leur séparation.

Mais La fourrure blanche n’est pas qu’une histoire d’amour. C’est aussi un roman qui met la ville de New-York à l’honneur, le New-York des années 80 trash, sale, malfamé. J’ai adoré me promener aux côtés d’Elise et déambuler dans cette ville gigantesque. C’était fabuleux. La drogue, le sexe, la violence sont à tous les coins de rue et tout peut s’acheter. Les délis bon marché, les bars et les boîtes: la misère la plus dure qui côtoie la richesse la plus pure à l’image du couple d’Elise et de Jamey.

Au-delà d’une histoire d’amour crue et sensuelle, Jardine Libaire nous offre avec La Fourrure blanche une réflexion sur la condition sociale. Poignant et magistral.

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