Les Lueurs du lendemain de Jennifer Cody Epstein

 

 

Les lueurs du lendemain de Jennifer Cody Epstein,

Publié aux éditions Les Escales,

2020, 455 pages.

New York, 1989. En apprenant le décès de sa mère, Ilse, avec qui elle s’était brouillée, Ava hérite de lettres écrites par cette dernière, destinées à une amie d’enfance : Renate Bauer. Entre Ava et Ilse, de nombreuses questions sont restées en suspens : qui était le père d’Ava ? Où était-il durant la guerre ? Et pourquoi a-t-elle laissé son unique enfant dans un orphelinat allemand ? En lisant les lettres, Ava plonge avec stupeur dans l’histoire de cette femme qu’elle n’a jamais vraiment connue.
Berlin, 1933. Le parti nazi resserre son emprise sur la ville et Ilse s’implique un peu plus chaque jour dans les Jeunesses hitlériennes, s’éloignant de son amie Renate. Lorsque les lois de Nuremberg sont promulguées, les jeunes filles se retrouvent ennemies, propulsées malgré elles aux deux opposés de la tempête…

J’annonce la couleur tout de suite en vous disant que j’ai eu un coup de cœur pour ce roman que j’attendais tant. Vous savez que j’aime les romans qui ont pour toile de fond la seconde guerre mondiale. J’en ai lu de nombreux, tous ne se valent pas mais celui-ci m’a captivée d’un bout à l’autre.

L’auteure nous propose une alternance des points de vue à travers ses personnages mais aussi dans le temps. On fait ainsi la connaissance de Ilse et Renate, en 1933, à Berlin. Elles sont les meilleures amies du monde. Renate vient d’une famille plutôt cultivée tandis que Ilse vient d’une famille de la classe moyenne. Peu importe, ces deux-là font les quatre-cents coups. Mais dans cette Allemagne d’avant-guerre, les choses changent peu à peu et un événement va séparer les deux filles. On les suit tout au long de la lente et sûre montée au pouvoir d’Hitler. En toile de fond, l’antisémitisme attend son heure de gloire. C’est à travers le regard des deux filles qu’on s’aperçoit des menus changements à l’égard des juifs: le boycott des magasins, la séparation dans les écoles puis l’embrasement total lors de la nuit de Cristal. C’est glaçant à souhait, alors qu’un des personnages principaux adhère aux nouvelles idées du parti SS, ne mesurant peut-être pas lors la portée de ses actes.

Plus tard, dans les années 70 puis 80, on suit Ava, la fille de Ilse. Elle est mère célibataire à New-York et a totalement rompu les ponts avec Ilse au point d’avoir décrété qu’elle était décédée. Pourquoi le lien entre Ava et Ilse est-il si distendu? Qu’a pu faire Ilse pendant la guerre pour qu’Ava lui en veuille? Cette partie plus moderne du roman éclaire Ilse sous un nouveau jour. Ava se met en quête de ses origines et l’auteure mène une réflexion sur la réelle difficulté qu’ont eu tous ses enfants nés pendant la guerre pour se construire une identité « honorable ».

J’ai tout aimé dans ce roman que ce soit les personnages, le côté historique mais aussi l’intrigue qui repose sur des secrets de famille bien gardés. C’était juste parfait et j’ai refermé ce roman avec beaucoup de peine.

« Les Lueurs du lendemain » est un roman historique que vous ne pourrez pas lâcher.